lundi 29 janvier 2024

LES BARDENAS EN HIMALAYAN

Le Désert des Bardenas en Royal Enfield Himalayan en Partant de Biarritz.

Un trip moto off road, ça demande en général du matériels, du temps (dans les deux sens), de l’investissement et un certain niveau de pilotage… N’ayant rien de tout ça, on a essayé de trouver des compromis :

Le choix du trajet a été dicté par notre niveau de pilotage, les chemins du nord de l’Espagne sont très roulants et accessibles aux plus grands nombres à partir du moment où ont a compris qu’il ne fallait pas attraper la poignée de frein avant comme une brute sur la gravette et que rouler début était un gage de confort de sécurité ! L’attrait du désert le plus proche de notre vielle France, Les Bardenas vont donc fixer notre destination !

Pour la problématique du temps (celui du calendrier !) qui est de 3 jours seulement, l’option départ de la côte Basque, plus précisément, Biarritz, réputer pour ses plages et son Wheel’s and Waves. Mais aussi pour son accès depuis Paris ou Lyon en 1 heure d’avion a définitivement fixer le point de départ de notre l’aventure, effectivement, trois journées sont suffisantes pour pleinement profiter du trip de 740 km ! Concernant le temps (celui du ciel !) si la Côte Basque et les Pyrénées sont capricieux, dès que l’on approche Pampelune à 1h de moto par la route, le ciel se dégage et les chemins sont secs et praticables par le plus grand nombre!

A propos de l’investissement qui est souvent lié au matos, là encore en ne faisant pas les fiers et en regardant finement sa bourse, le choix s’est porté sur surprenante 410 Himalayan de Royal Enfield, prit en location à 3 fois rien la journée. Cette moto n’est pas un avion de chasse, mais elle a été conçue pour gravir l’Himalaya, elle devrait faire l’affaire pour faire de même avec les Pyrénées ! Ses 24 cheveux peuvent paraître handicapant, mais il n’en sera rien, pas de surplus de puissance à gérer, égale facilité ! Les suspensions se montrent à la hauteur, même lorsqu’elles sont chargées, les pneus au profil « Trail » sont efficaces sur les larges pistes (sèches bien sûr !), elle a un appétit d’oiseau, l’autonomie est de 300km. Un des derniers atouts de l’indienne est sa faible hauteur de selle qui la rend accessible, notamment pour la gente féminine comme c’est le cas ici.

Nous arrivons par le premier avion de la journée, Nous chargeons les motos sont chargées avec un simple sac étanche fournie avec les motos, la petite indienne est équipé d’un solide porte bagage, les motos sont d’origines, juste équipées d’un porte téléphone et d’une prise usb, on reste dans la simplicité le téléphone fait office de GPS, Rassurant, si on perds notre guide, on s’y retrouvera quand même!

Au niveau de la garde-robe, un bon blouson chaud et étanche (on est au mois de Janvier !), un sur-pantalon, une paire de bottes « Trail », un casque typé cross loué avec la moto, une bonne paire de gants et zou !

Au moment de partir, le pays Basque nous fait un caprice ! On démarre donc sous la pluie, on improvise par la route la plus courte pour Pampelune, et là, comme prévenu au départ par notre guide, la pluie cesse en arrivant vers la capitale de la Navarre, le temps de contourner la ville, nous attaquons nos premiers chemins qui sont étonnamment secs et sans traces de déluge qui aurait pu créer de perfides ornières ! Le début du trajet nous fait progresser d’éolienne en éolienne, les pistes ne présentent pas de difficulté, et nous mènent jusqu’à un village où nous allons pouvoir nous restaurer façon espagnole : Menu Del Dia ! 11€. Entrée/plat/dessert/bouteille de pif/café ! Ne prenez pas le flan en dessert ! C’est trop ! Et c’est repartie entre vallon et champs cultivé, la piste est constituée de gravette ou d’une terre blanche très agréable à rouler ! On peut lever le nez tranquillement pour profiter du paysage qui est bien différent des Pyrénées que l’on vient de traverser ! On alterne entre champs d’éoliennes au sommet des collines et pistes slalomant entre les cultures et barrages sur des retenues d’eau artificielles.

L’Espagne nous semble bien en place dans le développement de l’énergie verte. Nous continuons notre avancée vers notre première étape jusqu’au moment où : là ! Sous nos yeux, sans qu’un quelconque signe nous prévienne, nous tombons nez a nez sur une vallée d’ocre blanc et jaune effondrée dans le sol ! Les Bardenas sont à nos pieds ! Ça y est ! On y est ! Nous garons les motos dans l’herbe qui est en réalité du thym ! Séance photo obligatoire et contemplation, il est 16H30, le soleil commence à amorcer sa descente vers l’ouest, nous savourons ce moment, les narines remplies d’arôme de thym sauvage !

Nous reprenons nos destriers et traversons soleil couchant les Bardenas, une heure et demie de bonheur, les spots photos sont innombrables, nous en sortons donc à la nuit tombée et rejoignons la route qui mène à Tudela, où notre hôtel pour les 2 nuits nous attends. Une bonne douche et direction Tapas et Vino Tinto !

Après avoir englouti quelques tapas, nous nous rendons sur les conseils d’un autochtone dans un restaurant réputé de la ville, pas de paella ou autres fritures, attrape touriste commun en Espagne, ici c’est Oreille de cochons, cervelle d’agneau, cochon de lait, succulent ! On n’avait pas mangé des trucs comme ça depuis 15 ans !

Au réveil de la deuxième journée, le temps est magnifique et clair. Le programme de la journée est de faire le tour des Bardenas. Une fois en selle, l’air est un peu frais sur les 10 kilomètres qui nous mènent à notre premier chemin, dès que nous posons nos roues sur la piste, la magie opère ! On a plus froid, plus d’engourdissement de la veille, Les royal Enfield ronronne, on a le nez au vent, le temps est figé, tout va bien, c’est parfait ! En haut d’une colline, nous nous arrêtons pour admirer la plaine qui mène à Saragosse qui est embuée par les écobuages, les hélices des éoliennes dépassent juste de ce brouillard artificiel. On est à la croisée entre l’énergie renouvelable et une pratique ancestrale polluante, étonnant contraste.

Nous reprenons notre périple avec toujours des pistes roulantes, il faut toutefois faire attention à certains effondrements de terrain faisant penser à des nids d’autruches, il faut éviter d’y mettre sa roue avant sinon, c’est figure libre assuré. On fait un « Pit stop », « menu del dia», sans prendre de flan au dessert, trop lourd!

En début d’après-midi, nous longeons de magnifique falaise oscillant sur le rose et le beige, et continuant sur les pistes de terres blanches pour aller jusqu’au soleil couchant ou les falaises deviennent de plus en plus jaune pour finir sur un ciel mauve au coucher du soleil… Splendide !

On profite du spectacle jusqu’à la tombée du jour et on regagne notre hôtel avec de la couleur dans les yeux… On a parcouru 200 km à 90 % sur les chemins pas très technique, mais ça use un poil quand même, ça ne fait pas les marioles en rentrant au parking. La douche salvatrice et l’appel du combo Tapas et Vino tinto, nous revigore, une bonne oreille de cochon et un ragoût d’escargots à la saucisse (sans blague !) arrosé d’une bouteille de Riojà et la coupe est pleine, n’en jeter plus, au dodo.

La lumière pointe, notre troisième et dernier jour nous appelle ! Le ragoût d’escargots est à peu près digéré, on recharge les motos et c’est reparti vers le nord en direction de Pampelune par une piste différente de l’aller, on trouve une poche de brouillard qui se dissipe en grimpant sur une colline, le soleil perce la brume, on en prend plein les yeux dès le matin ! Énième arrêt photo ! On progresse gentiment à travers les Bardenas par une piste plus au nord que la veille et puis au détour d’une vallée on sort du désert aussi vite qu’on y est rentré, retour à la réalité et aux champs de blé à peine plantés… Nous progressons sur une grande piste droite à travers une plaine agricole digne d’un paysage de l’Oise ! Pour retomber ensuite sur des paysages plus désertiques, curieuse nature !

Une piste « viroleuse » un peu technique avec des ornières nous mène tout en haut d’une colline, nos Himalayan encaisse la difficulté sans broncher, c’en est presque ennuyant ! Pas de casse, pas de crevaison, pas de chute, pas un truc qui glisse tout le temps et qui t’agace tout le week-end, rien ! Niveau anecdotes mécaniques, on va rentrer bredouille. Cette 410, certain la trouve répugnante, pas assez puissante, pas assez « hype » pour briller en société et bien après 3 jours sur son dos, on commence à la trouver attachante, on pourrait presque devenir intime et lui donner un petit nom à la cocotte.

Reprenons notre chemin qui nous mène à la route…Et oui, il est temps de reprendre le bitume vers le joli village d’Ujué juché sur sa montagne, après un mix bitume/piste à éolienne, nous quittons définitivement les pistes et rejoignions Pampelune par la magnifique route d’Olleta. Un arrêt « menu del dia » chez El Mano qui parle un français fluide, nous explique qu’il n’y a plus de flan… zut alors. Le retour du trip s’effectue par la route, 270 bornes sur la journée, ça cause un peu quand même, cependant le retour par le bitume est loin d’être ennuyant, nous longeons le chemin de Compostelle puis bifurquons en directions de petites routes qui nous font basculer par la montagne en France, a Urepel exactement, village de 277 habitant connu pour son fromage de brebis et son triple champion du monde d’endurance : Patrick Igoa !

La route nous fait passer par le village des Aldudes connu pour sa salaison de jambon Kintoa, puis par le village de Banca connu pour ses truites fumées, puis par le village d’Irouleguy connu pour son vin rouge, on note dans un coin de nos cerveaux qu’il faudra revenir…

Nous gravissons le col d’Ispeguy puis le col d’Otxondo, ensuite descente sur Dantxaria par une route roulante ou nos Himalayan ne sont toujours pas ridicules, on s’amuse à retarder les freinages, on mise tout sur la trajectoire, on prend une 1200 GS en ligne de mire et on essaye de pas se faire distancer, on arrive en bas avec la banane ! Encore quelques bornes et on est arrivé à l’agence de location, on pose tout, on se change, il est 18H, l’avion du retour est dans 2 heures… On est en avance, en fait, elles roulent trop vite ces petites cocottes…